« La beauté est dans les yeux de celui qui regarde »
Une bonne conception repose sur une relation libre et harmonieuse entre la nature et les gens, et dans laquelle une observation minutieuse et une interaction attentive fournissent l’inspiration, le répertoire des solutions et les motifs géométriques. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut élaborer de façon isolée. C’est au contraire le résultat d’une interaction continue et réciproque avec le sujet.
La permaculture se sert de ces conditions pour faire évoluer de manière consciente et continue les systèmes agraires et l’habitat qui pourront subvenir aux besoins des gens tout au long de la descente énergétique.
Pour les peuples de chasseurs-cueilleurs et les sociétés agraires à faible densité de population, la nature subvenait à tous les besoins matériels, l’activité humaine étant surtout dédiée à la récolte. Dans les sociétés préindustrielles plus densément peuplées, la productivité agricole dépendait d’apports importants et continus de travail humain.
Quant à la société industrielle, elle nécessite des apports importants et continus d’énergie fossile pour produire son alimentation et ses autres biens et services. Les concepteurs en permaculture se fondent principalement sur une observation minutieuse et une interaction attentive pour tirer parti plus efficacement des capacités humaines et pour réduire la dépendance vis-à-vis des énergies non-renouvelables et de la haute technologie.
Au sein de communautés agraires plus conservatrices et socialement soudées, la capacité de certains individus à prendre du recul, à observer et à interpréter à la fois les méthodes traditionnelles et modernes d’utilisation du sol constitue un solide atout pour développer de nouveaux systèmes plus appropriés. Un changement radical au sein d’une communauté est toujours plus difficile pour de nombreuses raisons, si bien que des modèles développés localement et puisant parmi les meilleures méthodes de conception écologique, qu’elles soient traditionnelles ou modernes, a plus de chances de réussir qu’un système préconçu imposé de l’extérieur. De plus, la diversité de ces modèles locaux fournira naturellement des éléments novateurs propices à l’enrichissement croisé d’innovations similaires en d’autres lieux.
Ce principe vise essentiellement à faciliter l’émergence d’un mode de pensée à long terme, indépendant voire hérétique, indispensable pour concevoir de nouvelles solutions, plutôt qu’à encourager l’adoption et la recopie de solutions éprouvées. Par le passé, ce sont les milieux académiques et urbains de la société d’abondance qui ont toléré voire encouragé ce mode de pensée, alors que les cultures agraires traditionnelles le rejetaient farouchement. aux stades ultimes du chaos de la société d’abondance postmoderne, les systèmes de domination du savoir sont moins évidents, de sorte que cette pensée indépendante et plus systémique a plus de chances de se diffuser largement à tous les niveaux de la hiérarchie sociale et géographique. Dans un tel contexte, on ne peut se fier ni aux étiquettes ni aux comportements comme signes de compétence et de valeur lorsqu’il s’agit d’évaluer d’éventuelles solutions de conception. C’est pourquoi, à quelque niveau que ce soit, nous devons compter de plus en plus sur nos capacités d’observation et d’interaction sensible pour trouver la meilleure façon d’avancer.
Le 2e principe de la permaculture : collecter et stocker l’énergie.