« Faites les foins tant qu’il fait beau »
Le temps est compté pour la collecte et le stockage de l’énergie avant que l’abondance saisonnière ou passagère se dissipe.
Nous vivons dans un monde de richesse sans précédent, grâce à l’exploitation d’énormes réserves de combustibles fossiles amassées par la terre durant des millions d’années. Nous avons profité de cette richesse pour accroître nos prélèvements sur les ressources renouvelables de la terre jusqu’à un niveau qui n’est pas soutenable. Les conséquences désastreuses de cette surexploitation se feront sentir à mesure que les réserves de combustibles fossiles déclineront.
En termes financiers, nous avons vécu en consommant le capital global d’une manière inconséquente qui mènerait n’importe quelle entreprise vers la faillite. Nous devons apprendre à économiser et à réinvestir l’essentiel de cette richesse que nous consommons ou gaspillons afin que nos enfants et leurs descendants puissent mener une vie acceptable.
Le fondement éthique de ce principe saurait difficilement être plus clair. Malheureusement, les notions conventionnelles de valeur, de capital, d’investissement et de richesse ne nous sont d’aucune aide dans cette tâche.
Notre définition inappropriée de la richesse nous a amené à ignorer les possibilités de collecter les énergies disponibles localement, qu’elles soient renouvelables ou non. Si nous identifions et tirons parti de ces possibilités, nous pourrons disposer d’une énergie permettant de rebâtir un capital tout en nous assurant un « revenu » pour nos besoins immédiats.
Certaines de ces sources d’énergie incluent :
- Le soleil, le vent et les eaux de ruissellement.
- Les déchets des activités agricoles, industrielles et commerciales.
Les modes de stockage les plus importants pour l’avenir sont :
- Des sols fertiles riches en humus.
- Des systèmes de végétation pérenne, en particulier les arbres, produisant de la nourriture et d’autres ressources utiles.
- Les plans d’eau et les citernes.
- Les bâtiments solaires passifs.
La conception d’une restauration écologique est l’une des expressions les plus courantes de la pensée environnementale dans les pays riches. C’est aussi une démarche pertinente de la conception permaculturelle quand elle intègre explicitement l’homme dans les systèmes à restaurer.
Paradoxalement, l’abandon des espaces ruraux marginaux dans de nombreux pays du fait de la baisse des prix agricoles et le remplacement par des systèmes intensifs basés sur des énergies fossiles subventionnées a créé des « espaces naturels modernes » sur des territoires bien plus vastes que ceux visés par les programmes de restauration écologique.
Cette déprise agricole a certains effets négatifs, comme la disparition des systèmes traditionnels de gestion de l’eau et de protection contre l’érosion, ainsi qu’une recrudescence des feux de forêt, mais en d’autres endroits elle a permis à la nature de reconstituer son capital biologique (sol, forêt, faune), sans apport de ressources non-renouvelables.
L’une des expressions de ce principe, c’est qu’il peut être légitime d’employer des solutions à bas coût profitant du prix actuellement dérisoire des énergies fossiles quand il s’agit de reconstruire le capital naturel.
De la même manière, nous pouvons aussi considérer que l’expérience collective, les savoir-faire, la technologie et les systèmes informatiques hérités de notre passé d’opulence industrielle sont une énorme réserve de richesse qui peut être redéployée afin de créer de nouvelles formes de capital pertinentes pour la descente énergétique. Une partie de l’optimisme autour du développement durable est liée à la mise en œuvre de la technologie et de l’innovation.
Les stratégies permaculturelles ne renient pas la technologie et l’innovation mais gardent une dose d’esprit critique dans la mesure où l’innovation technologique est souvent un « cheval de Troie » recréant les problèmes sous d’autres formes. Tout en restant attentifs aux choix technologiques que nous faisons pour construire un nouveau capital, il faut profiter maintenant de notre capacité d’innovation technologique, puisque c’est une réserve de richesse qui déclinera progressivement au cours de la descente énergétique, quoique plus lentement que les ressources physiques et les infrastructures.
Le troisième principe de la permaculture : créer une production.