« On ne peut pas travailler l’estomac vide »
Il faut des résultats immédiat pour vivre.
Le principe précédent attirait notre attention sur la nécessité d’utiliser notre richesse actuelle pour investir à long terme dans le capital naturel. Mais cela ne sert à rien de planter une forêt pour nos petits enfants si nous n’avons pas de quoi manger aujourd’hui.
Ce principe nous rappelle que tout système devrait être conçu pour assurer une autonomie à tous les niveaux (y compris sur le plan personnel), en utilisant efficacement l’énergie collectée et stockée pour arriver à entretenir le système et aussi pour collecter encore plus d’énergie.
De manière plus générale, dans la transition de la croissance à la décroissance, la flexibilité et la créativité seront des qualités essentielles pour trouver de nouvelles façons de créer une production.
Sans une production immédiate et vraiment utile, tout ce que nous concevrons puis développerons finira par s’étioler. au contraire, les éléments qui peuvent générer une production immédiate se développeront rapidement. Que nous attribuions cela à la nature, aux forces du marché ou à la cupidité humaine, les systèmes qui sont les plus efficaces pour créer une production, puis qui l’utilisent le plus efficacement pour répondre aux besoins de survie ont tendance à l’emporter sur les alternatives.
Une production, un profit ou un revenu agissent comme une récompense qui encourage, qui entretient ou qui reproduit le système qui les a générés. C’est comme cela que les systèmes prospèrent se développent. Dans la théorie des systèmes, on appelle ces récompenses des boucles de rétroaction positive, qui renforcent le signal ou le processus de départ. Si l’intention est de concevoir des solutions vraiment durables, il faut pouvoir compter sur des récompenses qui encouragent la réussite, la croissance et la propagation de ces solutions.
Ceci est évident pour l’agriculteur ou l’entrepreneur, mais on constate dans toutes les cultures où le niveau de vie s’élève une tendance à remplacer les environnements fonctionnels et productifs par des environnements superficiels et dysfonctionnels. Jusque dans les pays pauvres, où l’objectif systématique d’un grand nombre d’initiatives de développement est de permettre aux gens de se soustraire au besoin d’entretenir des environnements fonctionnels et productifs, en les enrôlant à plein temps dans l’économie marchande où la recherche du profit devient un processus mesquin et destructeur dicté par les forces de la mondialisation.
Le modèle « nouveau riche » de réussite, qui bannit le fonctionnel et l’utile, doit être remplacé par une évaluation impartiale des sources de richesse et par de vrais indicateurs de réussite. Depuis des générations, la culture du salariat capitaliste ou socialiste dans les pays développés a conduit à une incroyable déconnexion entre l’activité de production et les sources de notre subsistance. en aidant les citadins australiens des classes moyennes à faire face au défi d’une vie rurale plus autonome, j’ai expliqué que c’était comme devenir un entrepreneur. Paradoxalement, une des retombées inattendues du « rationalisme économique » par ailleurs largement dysfonctionnel et cynique des dernières décennies, a été de re-sensibiliser les gens à la nécessité pour tous les systèmes d’être productifs d’une manière ou d’une autre.
Le quatrième principe de la permaculture : appliquer l’auto-régulation et accepter la rétroaction.