« Plus on est nombreux, moins le travail est dur »
La permaculture peut être perçue comme faisant partie d’une longue tradition de concepts qui mettent l’accent sur les relations mutuelles et symbiotiques, plutôt que sur les relations concurrentielles et prédatrices.
Dans tous les aspects de la nature, depuis les mécanismes internes des organismes jusqu’aux écosystèmes complets, nous constatons que les connections entre les éléments sont aussi importantes que les éléments eux-mêmes. Ainsi, « le but d’un système fonctionnel et autorégulé est d’agencer les éléments de façon à ce que chacun d’entre eux réponde aux besoins et utilise les produits des autres éléments ».
Notre penchant culturel à nous focaliser sur la complexité des détails nous pousse à négliger la complexité des relations. Afin de réduire cette complexité des relations, nous adoptons le plus souvent des stratégies de conception qui découplent les éléments du système. Ces solutions résultent en partie de notre méthode scientifique réductionniste qui isole les éléments pour les étudier séparément. On ne cherche à comprendre la façon dont ils fonctionnent en tant qu’éléments d’un système intégré qu’en examinant leurs propriétés isolément.
Ce principe met l’accent sur les différents types de relations qui lient les éléments entre eux au sein de systèmes étroitement intégrés ainsi que sur l’amélioration des méthodes de conception des communautés végétales, animales et humaines pour tirer parti de ces relations.
La capacité du concepteur à créer des systèmes étroitement intégrés dépend d’une vision d’ensemble du puzzle d’interconnections qui caractérise les communautés écologiques et sociales. En plus d’une conception intentionnelle, nous devons nous attendre à ce que des relations écologiques et sociales réelles se développent grâce à des mécanismes d’autoorganisation et de croissance.
L’image associée pour ce principe peut être un cercle vu de dessus formé par des personnes ou des éléments constituant un système intégré. Le vide apparent au centre représente la partie abstraite du système. Il prend sa source dans l’organisation des éléments tandis que lui-même à son tour leur donne forme et spécificité.
En agençant correctement les plantes, les animaux, les baissières (swales), les bassins et les autres infrastructures on peut atteindre un haut niveau d’intégration et d’autorégulation sans avoir constamment besoin d’interventions humaines pour une gestion corrective. Par exemple, grâce à un positionnement approprié, on peut facilement prélever la litière là où la volaille gratte sous une forêt fourragère pour l’amener à des jardins en contrebas. Les adventices herbacées et ligneuses dans les prairies d’élevage contribuent souvent à l’amélioration du sol, à la biodiversité, ainsi qu’à d’autres usages particuliers et médicinaux. Une pâture tournante bien gérée permet le plus souvent de contrôler ces mauvaises herbes sans pour autant les éliminer complètement.
Dans les publications et dans l’enseignement de la permaculture, deux énoncés ont joué un rôle central pour développer la conscience de l’importance des relations dans la conception de systèmes autonomes :
• Chaque élément remplit plusieurs fonctions
• Chaque fonction importante est assurée par plusieurs éléments
Les connections ou relations entre les éléments d’un système intégré sont très diverses. Certaines peuvent être prédatrices ou concurrentielles, alors que d’autres sont coopératives ou même symbiotiques. Tous ces types de relations peuvent être bénéfiques dans l’élaboration d’un système ou d’une communauté solidement intégrés, mais la permaculture insiste particulièrement sur la mise en œuvre de relations mutuellement bénéfiques et symbiotiques.
Cela s’appuie sur deux convictions :
• Nous sommes culturellement disposés à voir les relations concurrentielles et prédatrices, et à ne pas tenir compte des relations coopératives et symbiotiques, dans la nature comme dans nos cultures.
• Les relations coopératives et symbiotiques seront mieux adaptées à un futur où l’énergie disponible va décliner.
Le déclin de l’énergie disponible va peu à peu modifier la perception générale de ce précepte, qui au lieu d’un idéalisme romantique sera finalement compris comme une nécessité pratique.
Le neuvième principe de la permaculture : utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience.