Utiliser des solutions à de petites échelles et avec patience

« Plus on est grand, et plus on tombe de haut »

L’un des inconvénients de la démesure et de la croissance excessive.

« Rien ne sert de courir, il faut partir à point »

Encourager la patience tout en exprimant une vérité commune dans la nature et la société.

Pour chaque fonction, les systèmes devraient être conçus à la plus petite échelle qui permet de remplir la fonction tout en étant réalisable et efficace énergétiquement. Pour qu’une société soit humaine, démocratique et durable, c’est l’échelle humaine et les capacités de l’individu qui devraient être le principal étalon de mesure. Ce principe est relativement bien compris depuis les travaux novateurs de E.F. Schumacher (ndT : l’auteur de ‘Small is Beautiful’). À chaque fois que nous faisons quelque chose de façon autonome – cultiver nos aliments, réparer un appareil cassé, nous maintenir en bonne santé – nous appliquons ce principe de manière très efficace. À chaque fois que nous achetons aux petites entreprises locales ou que nous participons aux initiatives sociales ou environnementales à l’échelle locale, nous appliquons aussi ce principe. En dépit de la réussite de cette technologie intermédiaire, appropriée aux besoins locaux des projets de développements, l’énergie bon marché a continué de favoriser artificiellement les systèmes à grande échelle au cours des dernières décennies. La fin de l’énergie à bas prix va bousculer les économies d’échelle actuelles pour favoriser les systèmes à petite échelle. Dans le même temps, les différences relatives d’économies d’échelle entre différentes fonctions persisteront.

Par ailleurs, le fait que le transport de matériaux, de personnes (et d’autres êtres vivants) puisse être un aspect mineur dans la conception d’un système est une idée récente de la modernité. Le confort et le pouvoir issus de cette mobilité accrue ainsi que des technologies de l’information sont un « cheval de Troie » qui détruit les communautés et accélère la demande énergétique. La mobilité et la vitesse dans les pays riches sont devenues si dysfonctionnelles qu’elles ont donné naissance aux mouvements « Slow Food » et « Slow cities », par réaction. La révolution dans les communications et l’informatique a donné un nouvel élan à l’idée que la vitesse est une bonne chose, mais là encore on voit surgir des effets pervers caractéristiques, par exemple le déluge de pourriels qui menacent la convivialité de la messagerie électronique.

Beaucoup d’exemples concrets offrent une vision plus équilibrée qui contrebalance l’attirance naturelle qu’exercent sur nous les processus rapides et les systèmes à grande échelle. Par exemple, la réponse rapide des cultures aux engrais solubles est souvent de courte durée. Le fumier, le compost et les minéraux naturels fournissent généralement aux plantes des nutriments plus équilibrés et durables. Et si l’on obtient de bons résultats avec un peu d’engrais, ça ne garantit pas de meilleurs résultats en augmentant la dose.

En foresterie, les arbres à croissance rapide ont souvent une durée de vie courte. Mais d’autres espèces, qui poussent apparemment plus lentement, mais qui sont plus utiles, voient leur croissance s’accélérer et même dépasser les espèces à croissance rapide après dix ou vingt ans. Une petite plantation régulièrement éclaircie et élaguée peut dégager davantage de revenu qu’une grande plantation sans entretien.

En nutrition animale, le bétail poussé grâce aux aliments concentrés est souvent plus sujet aux maladies et vit moins longtemps que les animaux élevés dans des conditions plus naturelles. Le surpâturage est une des causes prépondérantes de la dégradation des sols, alors que des troupeaux plus modestes et bien gérés sont bénéfiques, voire essentiels, à l’agriculture durable.

Dans les villes surpeuplées, la vitesse apparente et le confort de la voiture entravent la mobilité et détruisent le bien-être, alors que le vélo, beaucoup plus petit, plus lent et plus sobre, permet une plus grande liberté de mouvement sans pollution ni bruit. De plus, les vélos peuvent être plus efficacement produits et assemblés dans des usines locales plus petites que celles qui doivent réaliser les économies d’échelle nécessaires à l’industrie automobile.

Le dixième principe de la permaculture : utiliser et valoriser la diversité