Ne pas produire de déchets

« Pas de gaspillage, pas de manque »

Il est facile de gaspiller en période d’abondance mais ce gaspillage peut être à l’origine de privations ultérieures

« Un point à temps en vaut cent »

Un entretien périodique est précieux pour éviter le gaspillage et les grands travaux de réparation et de restauration

Ce principe rassemble les valeurs traditionnelles de frugalité et d’entretien des biens matériels, les préoccupations modernes en matière de pollution, ainsi que le point de vue plus radical qui considère les déchets comme des ressources et des potentialités. Le ver de terre illustre bien ce principe car il vit en consommant la litière végétale (déchets) qu’il convertit en humus, lequel à son tour améliore l’environnement du sol pour lui-même, pour les micro-organismes du sol et pour les plantes. Ainsi, le ver de terre, comme tous les êtres vivants, fait partie d’un réseau où les productions des uns sont les matières premières des autres.

Les processus industriels qui rendent possible notre style de vie peuvent être caractérisés par un modèle de type « entrées-sorties », dans lequel les entrées sont des matières premières naturelles et de l’énergie alors que les sorties sont des biens et des services. Toutefois, en prenant du recul et en adoptant une vision à long terme, on peut voir que tous ces biens finissent sous forme de déchets (essentiellement dans des décharges) et que même les services les plus immatériels conduisent à la dégradation de ressources et d’énergie en déchets. Ce modèle pourrait donc être mieux défini par l’expression « consommation excrétion ». Considérer les gens comme de simples consommateurs et excréteurs est peut- être valide du point de vue biologique, mais certainement pas du point de vue écologique.

Le proverbe « Pas de gaspillage, pas de manque » nous rappelle qu’il est facile de gaspiller en période d’abondance mais que ce gaspillage peut être à l’origine de privations ultérieures. Cela est particulièrement pertinent dans un contexte de descente énergétique. Jamais dans l’histoire nous n’avons eu autant de possibilités pour réduire les déchets, et même d’en tirer un revenu. Autrefois, seuls les plus démunis vivaient des déchets. Aujourd’hui nous devons reconnaître la réutilisation créative des déchets comme la clé d’un mode de vie frugal sur la Terre. En plus des déchets ménagers et industriels, la modernité a créé de nouvelles classes de déchets vivants [plantes et animaux nuisibles indésirables] qui prolifèrent autant dans nos esprits que dans les paysages des nations nanties.

Bill Mollison définit un polluant comme « un produit de n’importe quel partie d’un système qui n’est pas utilisé de manière productive par une autre partie du système ». Cette définition nous encourage à chercher comment minimiser la pollution et les déchets en concevant des systèmes permettant l’utilisation de tout ce qui est produit par les sous-systèmes. En réponse aux inquiétudes concernant les infestations d’escargots dans les jardins de vivaces, Mollison avait l’habitude de répondre que le problème n’était pas un excédent d’escargots mais un déficit de canards. De même, dans certaines régions la croissance incontrôlée de la prairie ou de la forêt mène à la destruction par les feux de brousse, alors que dans d’autres un surplus d’herbivores conduit au surpâturage. Les moyens innovants et créatifs pour utiliser cette source d’abondance sont l’une des caractéristiques de la conception permaculturelle.

« Un point à temps en vaut cent » nous rappelle qu’un entretien périodique est précieux pour éviter le gaspillage ainsi que les grands travaux de réparation et de restauration coûteux en travail. Bien que beaucoup moins stimulant que le travail créatif pour tirer parti de l’abondance de déchets, l’entretien de ce que nous avons déjà doit devenir une préoccupation majeure et permanente dans un monde en descente énergétique. Les structures et les systèmes se déprécient tous, et les systèmes humains écologiques et durables consacrent tous des ressources pour assurer l’entretien aux bons moments.

Le septième principe de la permaculture : partir des structures d’ensemble pour arriver aux détails